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Nicolas Vérin

Robert Badinter, Victor Hugo, Pierre Henry - Université de la Sorbonne 1985

10 Février 2024 , Rédigé par Nicolas Vérin Publié dans #Paris, #Pierre Henry, #La Sorbonne, #Badinter

La mort de Robert Badinter me remet en mémoire un moment très particulier de ma vie, le 22 mai 1985.

Après plusieurs contacts avec Pierre Henry, celui-ci me propose un travail à l’essai, avant de m’engager comme assistant durant 6 mois pour sa tétralogie la Hugo-Symphonie. Il s’agit pour cet essai de monter le dispositif – orchestre de haut-parleurs ou acousmonium – pour la diffusion d’extraits d’une de ses œuvres précédentes, Dieu, également sur des textes de Victor Hugo. Le texte (contrairement à la Hugo-Symphonie où le texte est chanté) est dit par Jean-Paul Farré, qui doit donc être amplifié. Durant le concert, tandis que Pierre Henry assurera l’interprétation de la partie électroacoustique, je serai chargé de la sonorisation de la voix, afin que celle-ci reste toujours intelligible, ce qui demande un ajustement constant.

Le contexte est très particulier, il s’agit d’une manifestation au grand amphithéâtre de la Sorbonne pour célébrer le centenaire de la mort de Victor Hugo. Gros travail d'installation des haut-parleurs, avec Jean-Paul Léglise, le technicien attitré de Pierre-Henry et un ou deux aides.  Mais les universitaires qui organisaient l’événement n’étaient pas du tout habitués à coordonner tant d’intervenants et le programme fleuve, débuté dans l’après-midi avec des textes dits par des comédiens, déborde quelque peu.

L’invité d’honneur était Robert Badinter, qui venait 3 ans auparavant de faire voter l’abolition de la peine de mort. Son discours commence et tout de suite l'amphithéâtre entier est suspendu à ses lèvres. Il parle du combat de Victor Hugo contre la peine de mort, le bagne, les prisons, avec une éloquence qui nous emporte et nous émeut tous. Sans conteste le plus beau discours que j’ai pu entendre de vive voix. Personne ne voit le temps passer, mais lorsqu’il termine il s’est écoulé plus de soixante minutes, ce qui nous mène presque à l'heure prévue de la fin de la soirée. Après une longue ovation debout, le public pense que la manifestation est finie, et qu'il est temps de partir. Il faut dire qu’il était extrêmement difficile d’enchaîner après ce grand moment qui offrait une magnifique conclusion. Mais là, Ivo Malec commence à diffuser sur l’orchestre de haut-parleurs un extrait de son oeuvre Un contre tous, pour deux acteurs, solistes, chœur mixte, orchestre et bande magnétique. Grave erreur que de donner en public un enregistrement, ce qui ne rend pas justice à l’œuvre. De plus, dans ce contexte, le public prend cela comme une de ces musiques diffusées après la fin de concerts de rock ou autre qui accompagnent la sortie, et partent donc imperturbablement et assez bruyamment. Le maheureux Ivo Malec s’échine à continuer, tente de monter le son, reste sourd aux injonctions des organisateurs qui nous demandent d’arrêter, courent de la console située dans la salle à l’estrade où ils tentent (sans amplification car je ne leur ouvre pas le micro) d’annoncer que vu les circonstances la fin de la soirée. Spectateur de cela, je ne pouvais me résoudre à interrompre Ivo Malec ! Les universitaires finissent par couper l’alimentation des amplis. L'extrait de Dieu qui devait être donné ensuite avec Jean-Paul Farré est purement et simplement supprimé, à notre grand désarroi. Ceci dit, il valait mieux ne pas commencer plutôt que de devoir arrêter en plein milieu !

Pour ma première collaboration avec Pierre Henry, c'était plus qu'étrange ! Mais cela ne l’a pas empêché de m’engager pour la suite…

22 mai 1885 : cent ans après, jour pour jour, M. Robert Badinter, garde des sceaux, a prononcé à la Sorbonne un éloge du " poète national ". Voici un large extrait de ce texte, qui rappelle les combats menés par Victor Hugo contre la peine de mort, le bagne et la misère des prisons.

Plus qu'aucun homme public dans son siècle, Hugo a été le champion et le héros d'une autre justice, plus humaine, plus fraternelle que celle de son temps. Et c'est ce message adressé à la conscience humaine, éclairant, inspirant sa vie et son œuvre, qui leur donne cette force et cette unité incomparables.

Le plus souvent, les écrivains accomplissent ces engagements décisifs tardivement, alors que leur œuvre est presque achevée et leur gloire acquise. Ainsi pour Voltaire, déjà sexagénaire lorsqu'il défend Calas, ainsi pour Zola, qui connaît enfin le succès et les honneurs lorsqu'il écrit J'accuse. Ainsi pour Sartre, lorsqu'il milite contre les tortures pendant la guerre d'Algérie. On dirait que dans ces vies chargées d'œuvres et d'années, l'éveil à la justice s'est fait progressivement. Comme s'il fallait un long cheminement de l'intelligence et de la sensibilité pour que se lève enfin le cri de révolte : " Cette injustice-là, je ne l'accepte pas, je ne l'accepterai jamais ".

Chez Hugo, au contraire, la lutte commence dès les premières œuvres, et ne cessera jamais. À quelles épreuves enfantines, à quels chocs de l'adolescence se relie ce refus éclatant de l'injustice, il est difficile de le déceler. Hugo, pourtant, nous livre ça et là des clefs révélatrices : il n'avait pas cinq ans lorsqu'il découvrait avec horreur les gibets dressés dans la campagne italienne. Il n'avait pas dix ans lorsque, traversant Burgos en compagnie de son frère Eugène, il assiste aux préparatifs d'une exécution capitale. Il n'avait pas seize ans lorsque, passant sur la place du palais de justice à Paris, il voit une servante qui avait volé un mouchoir marquée au fer rouge par le bourreau. " J'ai encore dans l'oreille, écrit-il quelque cinquante ans plus tard, et j'aurai toujours dans l'âme l'épouvantable cri de la suppliciée. " Il n'avait pas vingt ans lorsqu'il assiste par hasard au passage de la charrette qui conduit Louvel, l'assassin du duc de Berry, à l'échafaud.

Comme l'écrira le témoin de sa vie (1) : " À voir cet homme qui était vivant et bien portant et qu'on allait tuer (...), il avait senti sa haine se changer en pitié (...), il avait réfléchi, avait pour la première fois regardé la peine de mort en face, et s'était étonné que la société fit au coupable... la même chose dont elle le punissait. " Ces impressions terribles marquèrent sa sensibilité d'adolescent. Surtout, elles forgèrent chez l'homme une conviction sans faille : que la justice pour s'accomplir puisse devenir violence faite à l'homme, à sa vie, à sa dignité, voilà ce qu'Hugo n'admettra jamais.

La peine de mort

Cette violence injuste de la justice, Victor Hugo en attaquera d'abord l'expression la plus saisissante, la plus insupportable : la peine de mort. D'autres, avant lui, avaient soutenu avec éclat la cause de l'abolition, que ce soit par la plume comme Beccaria ou la parole comme Robespierre en 1790. D'autres, après lui, devaient poursuivre le bon combat, tels Jaurès ou Camus.

Mais, il n'est pas d'écrivain ou de politique qui n'ait dénoncé la peine de mort avec autant de passion, parfois de génie, que Victor Hugo. " Cette loi du sang pour le sang, je l'ai combattue toute ma vie ", disait-il.

Il l'a combattue tout au long de son œuvre, depuis le Dernier Jour d'un condamné, en 1829, sous la Restauration, jusqu'à quatre vingt treize en 1874, sous la Troisième République.

Député, il l'a combattue à la tribune, dénonçant en 1848 à la Constituante, dans une intervention passionnée, la peine de mort comme le " signe spécial et éternel de la barbarie ", et votant pour " l'abolition pure, simple et définitive de la peine de mort ". Il l'a combattue dans le prétoire, le temps d'un procès où Hugo défendait son fils Charles, accusé d'avoir manqué au respect dû aux lois en stigmatisant la guillotine. " Ce crime (...), je l'ai commis avant mon fils, bien plus que mon fils. Je me dénonce, monsieur l'avocat général, je l'ai commis avec toutes les circonstances aggravantes - avec préméditation. " À défaut du père, ce sera le fils que les jurés condamneront à six mois de prison.

Le bagne

Enfin, Hugo combattra la peine de mort en militant inlassable, intervenant en tous lieux et en toute occasion auprès de tous les pouvoirs pour demander la grâce des condamnés. En 1839, il fait parvenir un quatrain improvisé à Louis-Philippe pour sauver Barbès. En 1854, il écrit à Lord Palmerston pour obtenir la grâce de Tapner. En 1859, il demande aux États-Unis celle de John Brown. En 1862, il supplie pour les condamnés de Charleroi, en 1867 pour les Fénians irlandais. Il intervient auprès du tsar, auprès de l'empereur d'Autriche, auprès de la reine d'Angleterre, auprès du président Juares pour que Maximilien vaincu soit épargné. Partout où l'échafaud est dressé, Victor Hugo est présent. Rarement avec succès, comme il le constatait avec mélancolie, évoquant cette inlassable lutte : " J'ai quelquefois réussi. Souvent échoué. "

Hugo a-t-il mieux réussi s'agissant de cet autre outrage à la conscience humaine : le bagne ? Celui-ci fascine Hugo. Dès 1824, il demandera à son ami Gaspard de Pons de le documenter sur le bagne de Toulon. Il s'y rendra lui-même en 1839, comme il visitera celui de Brest. Et surtout en 1827, il assiste en compagnie de David d'Angers au ferrement des forçats à Bicêtre. " On fit asseoir les galériens dans la boue, sur des pavés inondés. On leur essaya des colliers. Puis deux forgerons de la chiourme, armés d'enclumes portatives, les leur rivèrent à froid, à grands coups de masse de fer (...). Après cette opération, ils devinrent sombres.

Il y en eut qui pleurèrent. Je regardai avec terreur tous ces profils sinistres dans leurs cadres de fer. "

Après les fers, c'est le départ, le long voyage de la chaîne des bagnards - la cadène -" l'effroyable chaîne des galériens, ces misérables traversant toute la France, liés sur des charrettes, le carcan au cou, transis de froid, mouillés par la pluie, roués de coups de bâton, espèce de pilori ambulant qui durait vingt ou trente jours... " Vingt-cinq ans plus tard, la vision hantait encore Hugo. Et Cosette rencontrant la cadène dira à Jean Valjean : " Père, est-ce que ce sont encore des hommes ? -Quelquefois, dit le misérable. "

Toute la honte du bagne s'inscrit dans cette interrogation de Cosette et cette réponse de l'ancien forçat. Sont-ils encore des hommes, ceux que la société traite ainsi et dont Hugo dit qu'ils sont les " damnés de la loi humaine " ? C'est pour dénoncer ce scandale qu'Hugo, en mai 1848, élu à l'Assemblée constituante, formula cette provocation sublime - et qui fit ricaner tous les bien-pensants : " J'aurais voulu que l'on eût fait voter les bagnes et être le candidat choisi par les galériens. " Et c'est parce que l'inhumanité de leur condition hante Hugo qu'il voudra en quelque sorte les réhabiliter tous, en faisant du plus humain de ses héros un ancien forçat, Jean Valjean.

La prison

Au-dessous du bagne, il y a, dans l'échelle des peines, la prison. Présente dans la cité, mais invisible derrière ses murs, la prison n'a pas cessé de fasciner Hugo. Elle hante son œuvre. De la cellule où est enfermé le " condamné " qui attend son exécution, au cachot où l'Esméralda est murée, de la " cage " conçue par Louis XI à la " cave pénale " où le prisonnier étouffe sous les chaînes et les pierres, la prison peuple l'imaginaire d'Hugo. Ces gouffres, ces cloaques, ces abîmes, cette angoisse de l'enfermement obsèdent l'écrivain. Comme la question pénitentiaire, toujours posée, jamais résolue, obsède le législateur de son temps et Hugo lui-même. Il visite la Conciergerie et la Roquette, accumule des notes, et rédige pour la Chambre des pairs un discours sur la réforme pénale. La Révolution de 1848 lui interdit de le prononcer. Au moins le possédons-nous et connaissons-nous sa pensée politique sur le système pénal.

D'abord une constatation. Hugo n'est pas indulgent - certains aujourd'hui diraient laxiste. Il est lucide. La suppression des peines, la disparition de la prison, il n'y croit pas. Mais si le châtiment doit conserver sa force d'exemple et son pouvoir d'intimidation, il ne doit jamais dégrader ni désespérer le coupable, anéantir ce qui constitue le levain de la peine : la capacité pour tout homme de mesurer ses torts, de se ressaisir - de s'amender- on dirait aujourd'hui de se réinsérer.

Cette conception toute chrétienne du châtiment amène Hugo à refuser toute peine qui, comme la peine de mort, est irrévocable, ou, comme il le dit, " irréparable ". Les peines perpétuelles, qu'il s'agisse du bagne ou de l'infamie, mort sociale qui stigmatise le forçat après sa libération, Hugo les dénonce, parce qu'il est un droit " qu'aucune loi ne peut entamer, aucune sentence ne peut retrancher, le droit de devenir meilleur ". C'est au nom de ce droit, qu'on ne peut refuser " sans nier l'Évangile, le christianisme, la civilisation, l'humanité même ", que Hugo condamne, en 1847, le régime pénitentiaire régnant en France : " Représentez-vous un moment ce que sont ces prisons dont je parle. Là, chaque spécialité a ses professeurs qui font des cours de crime supérieur, qui expliquent les maîtres et les modèles, qui enseignent aux petits coupables le respect et l'admiration des grands criminels. Là, chaque misérable trouve un guide pour le mener plus avant... Ce sont ces maisons-là qui vous font la criminalité que vous avez... "

Sans illusion

Cette métamorphose carcérale qui transforme le délinquant en criminel, Hugo l'incarne en Friauche, orphelin à six ans, voleur à neuf ans, bagnard à dix huit ans, libéré à trente-cinq ans, incapable de trouver du travail à cause du " livret jaune ". Récidiviste, repris, condamné à perpétuité, évadé, assassin, il ne lui reste plus qu'à monter le dernier " barreau de l'échelle " : celui qui conduit à l'échafaud. C'est aussi Claude Gueux, que le système pénitentiaire et la persécution d'un gardien, son chef d'atelier, conduisent au meurtre. Et qui sera exécuté. C'est enfin Jean Valjean, qui, condamné à cinq ans de bagne pour vol d'un pain, en fera dix-neuf pour des évasions successives. Il sort du bagne, n'étant plus que haine envers la société. Seule la rencontre avec Monseigneur Myriel, c'est-à-dire la générosité, sauvera Jean Valjean jusqu'alors perdu par la justice.

Hugo pourtant était sans illusion. Il savait que certains s'enracinent dans le crime et y demeurent attachés, malgré de telles rencontres, comme les Thénardier comme Montparnasse auquel Jean Valjean, qu'il a voulu assassiner, donne sa bourse. C'est là toute l'ambiguïté du titre les Misérables - car il désigne à la fois les plus indignes - mais aussi les plus malheureux des hommes. Dualité qui se rejoint en certains êtres humains - et nous interdit de les condamner irrévocablement.

Dans les Misérables, il y a d'abord la misère, la grande misère des pauvres du dix-neuvième siècle, le titre même qu'Hugo avait initialement arrêté pour son œuvre. Cette misère qui rongeait les grandes villes, Hugo romancier l'avait observée dans Paris, Hugo politique l'avait explorée dans les caves de Lille. Et les liens évidents qui toujours ont uni, dans la société, la misère, l'ignorance et le crime, Hugo les a dénoncés, dès 1834, dans Claude Gueux, puis tout au long de sa vie. Pour ce grand bourgeois, pour cet homme comblé par la gloire, la fortune et le bonheur, il n'existe pas de classe dangereuse. Il n'existe que des misérables qu'il faut prendre en compte.

Cet académicien, ce pair de France, choisira de déclarer à cette haute assemblée d'aristocrates, et de nantis : " Messieurs, je le dis avec douleur, le peuple sur qui tout retombe, qui endure la peine, la fatigue, les famines, les hivers rudes, dont les enfants, durement exploités, subissent le labeur malsain des manufactures... Le peuple, dans l'état social tel qu'il est, porte aussi, plus que toutes les autres classes, le poids de la pénalité. Ce n'est pas sa faute. Pourquoi ? Parce que les lumières lui manquent d'un côté, parce que le travail lui manque de l'autre. Trop souvent du moins - d'un côté les besoins le poussent, de l'autre aucun flambeau ne l'éclaire - de là les chutes...! "

Certains souriront de cette simplicité. Moi pas. Que c'est beau, un grand écrivain découvrant la question sociale par la question pénale, et se dressant contre la misère, parce qu'il s'est élevé un jour contre l'échafaud ! Dans la démarche d'Hugo, cet élargissement progressif de perspectives, de la réforme des peines à la réforme de la société, est comme une ascension. Sa perspective s'élargit naturellement à mesure que sa pensée s'élève de l'effet aux causes. Ce refus de l'injustice individuelle l'a conduit tout naturellement à refuser l'injustice collective (...).

" Mission remplie "

Pour rendre à Victor Hugo le plus significatif hommage, j'espérais découvrir une lettre obscure, émanant d'un prisonnier reconnaissant. Il en existe à coup sûr. Je n'en ai point cependant en ma possession. Aussi pour témoigner de la continuité de la lutte de ceux qui se lèvent, un siècle après l'autre, pour soutenir la double et indissociable cause de la justice et de l'humanité, j'ai pensé qu'il était bon de répéter tout simplement, en ce jour du centenaire de la mort de Hugo, ce que le poète avait dit lui-même, à Paris, pour célébrer le centième anniversaire de la mort de Voltaire, de celui qui avait défendu la cause de Calas, et celle du chevalier de La Barre contre l'injustice des hommes et des lois :

" Il y a cent ans aujourd'hui un homme mourait. Il mourait immortel. Il s'en allait chargé d'années, chargé d'œuvres, chargé de la plus illustre et de la plus redoutable des responsabilités, la responsabilité de la conscience humaine avertie et rectifiée. Il s'en allait maudit et béni, maudit par le passé, béni par l'avenir, et ce sont là, Messieurs, les deux formes superbes de la gloire. Il avait, à son lit de mort, d'un côté l'acclamation des contemporains et de la postérité, de l'autre ce triomphe de huées et de haine que l'implacable passé fait à ceux qui l'ont combattu. Il était plus qu'un homme, il était un siècle. Il avait exercé une fonction et rempli une mission... "

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